Une fatigue qui dure, sans explication évidente, peut finir par inquiéter et pousser à demander “quoi vérifier”. Dans la pratique, le médecin ne prescrit pas des examens au hasard. Il commence par préciser le contexte et les symptômes associés, puis propose un premier niveau de bilan, souvent sanguin, pour dépister les causes fréquentes et repérer d’éventuels signaux qui orientent vers des explorations plus ciblées.
Avant les examens ce que le médecin cherche à préciser
Avant de prescrire des analyses, le médecin commence presque toujours par cadrer la fatigue. Depuis quand est-elle là, est-ce qu’elle est continue ou par vagues, et surtout est-ce qu’elle s’améliore avec le repos ou qu’elle persiste malgré des nuits “correctes”. La qualité du sommeil compte autant que la durée, endormissement difficile, réveils fréquents, apnées suspectées, horaires décalés, mais aussi sensation de ne jamais récupérer.
Le contexte de vie pèse également. Une période de stress, une surcharge mentale, un rythme professionnel intense ou une convalescence après une infection récente peuvent suffire à expliquer une fatigue prolongée, sans qu’il y ait forcément une cause “grave” derrière. À l’inverse, une fatigue qui s’installe sans facteur évident ou qui s’aggrave peut justifier d’aller plus loin.
Le médecin fait aussi le point sur les médicaments et les substances, certains traitements favorisent la somnolence, la baisse de tension, la fatigue musculaire ou des troubles du sommeil. La douleur chronique, même modérée, est un autre facteur majeur, parce qu’elle use, perturbe le sommeil et entretient une fatigue de fond.
Enfin, ce sont les signes associés qui guident le choix des examens. Perte de poids, fièvre, essoufflement, palpitations, pâleur, bleus inhabituels, saignements, troubles digestifs, douleurs articulaires, baisse d’appétit, humeur dépressive ou anxiété marquée, tout cela oriente vers des pistes différentes et évite de faire un bilan “au hasard”. L’objectif est simple, poser les bonnes questions d’abord, puis prescrire des examens ciblés et utiles.
Le premier niveau de bilan sanguin le plus courant
Quand la fatigue persiste et qu’aucune cause évidente ne ressort suite aux questions aux patients, le médecin démarre souvent par un “bilan de première intention”, simple et très informatif. Il ne vise pas à tout chercher d’un coup, mais à repérer rapidement les causes fréquentes et les signaux qui justifient d’explorer plus loin.
La NFS, numération formule sanguine, est généralement la base. Elle mesure notamment l’hémoglobine et les globules rouges, ce qui permet de dépister une anémie, mais aussi les globules blancs et les plaquettes, qui peuvent orienter vers une infection, une inflammation, une carence ou une autre cause à préciser. Une CRP est souvent associée, car elle aide à repérer un contexte inflammatoire ou infectieux récent ou persistant.
L’ionogramme sanguin complète le tableau en vérifiant les principaux électrolytes et l’équilibre général, ce qui peut expliquer une fatigue lorsque des déséquilibres existent. La glycémie, parfois à jeun, recherche une anomalie du métabolisme du sucre, qui peut se manifester par fatigue, coups de pompe, difficultés de concentration ou malaise.
Le bilan hépatique est également fréquemment prescrit, parce qu’un trouble du foie ou une perturbation biologique même modérée peut participer à une fatigue prolongée. Enfin, la fonction rénale, via la créatinine et d’autres marqueurs selon les cas, permet de vérifier que l’élimination se fait correctement et qu’il n’existe pas de cause métabolique sous-jacente. Pris ensemble, ces examens donnent souvent une première lecture solide, soit ils normalisent le contexte et rassurent, soit ils orientent vers une piste claire à explorer ensuite.
Dans ce bilan, les plaquettes attirent parfois l’attention. Des plaquettes basses, on parle de thrombopénie, ne sont pas forcément liées à la fatigue elle-même, mais elles comptent parce qu’elles participent à la coagulation et peuvent s’accompagner de signes comme des bleus qui apparaissent facilement, de petits points rouges sur la peau, ou des saignements inhabituels. Quand une baisse est retrouvée, le médecin commence par vérifier s’il s’agit d’un résultat isolé ou confirmé, d’un contexte récent (infection virale, médicament, inflammation), et si d’autres paramètres de la NFS sont également touchés. Pour comprendre ce que cela peut signifier et dans quels cas cela nécessite un avis rapide, un point complet est disponible ici sur les plaquettes basses.
Les examens qui font suite à la prise de sang
Si le bilan sanguin de première intention revient normal, ou s’il n’explique pas à lui seul la fatigue, la suite se décide au cas par cas. L’objectif n’est pas d’empiler des examens, mais de cibler ce qui colle aux symptômes et au contexte. Selon la situation, le médecin peut compléter par un examen clinique plus orienté, par exemple tension, fréquence cardiaque, poids, recherche de signes d’infection, d’inflammation ou de trouble respiratoire.
Quand la fatigue s’accompagne d’essoufflement, de palpitations ou d’une baisse de tolérance à l’effort, un ECG peut être demandé, et parfois des examens respiratoires simples si une gêne ventilatoire est suspectée. En cas de ronflements, d’arrêts respiratoires rapportés ou de somnolence marquée, l’exploration du sommeil peut être évoquée. Si des douleurs, des troubles digestifs ou des symptômes persistants orientent vers une piste précise, d’autres examens peuvent être proposés, analyse d’urines, examens d’imagerie, ou avis spécialisé, mais uniquement si cela a du sens dans le tableau global.
En conclusion, face à une fatigue persistante, l’enjeu n’est pas de multiplier les analyses, mais d’avancer de façon logique. Les questions posées en consultation permettent déjà d’orienter, puis le bilan de première intention donne une première lecture fiable, soit rassurante, soit utile pour identifier une piste. Si un paramètre ressort anormal, comme des plaquettes anormalement basses, le médecin cherchera d’abord à confirmer le résultat et à en identifier la cause, car l’interprétation dépend fortement du contexte (infection récente, médicament, autre anomalie associée).

